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Une histoire d'Elles...
1 avril 2013

Un joli moment

J’ai gardé l’impression de cette soirée plusieurs jours. Cette soirée surprise que Vous m’aviez préparée. Vous étiez en train de Vous habiller pour sortir, je me déshabillais. J’ignorai encore ce qui m’attendait. Je me doutais simplement que c’étaient des liens, dont il était question.

 

Dans la pièce du bas, je Vous attends. Il est presque l’heure que Vous vous êtes fixée pour partir. Vous approchez alors de la porte, quelque chose de noir dans les mains. Je songe d’abord aux bracelets de poignets et chevilles…mais alors que Vous vous rapprochez encore, je remarque une sorte de tissu noir brillant. Je finis par reconnaître une cagoule et Vous me la fixez sur la tête. Je comprends que c’est dans un bodybag que je vais me trouver durant cette soirée. Ma curiosité piquée, je commence à m’interroger sur la sensation que procure une telle contrainte. Sans trop savoir, avide de découvrir, je me glisse à l’aveuglette dans le sac noir, guidée par Vos mains, Vos paroles. Mon souffle augmente quelques minutes, le temps de m’insérer à l’intérieur.

body_bag

L’impression de manquer d’air d’abord, puis je m’accommode des petits trous de la cagoule et me calme. Le tissu est froid, on dirait du plastique mais plus souple que cela. J’ignore exactement en quoi il est fait.

Le bruit des fermetures et la sensation d’être resserrée, recentrée, m’envahit progressivement. Je ne vois rien, je sens. Je sens que Vous attrapez des sangles coincées sous mon poids. Je Vous aide en me tortillant de côté comme je peux. Vos mains qui s’attardent sur le tissu, caressant ma peau à travers la matière. L’impression d’être saucissonnée. Le bruit d’un zip. Un courant d’air et Votre main sur mon sein. Il me semblait que le sac était fermé, hermétique. Il me faut quelques secondes pour réaliser l’évidence : il y a des portes dans ce sac ! Un autre zip et Votre main empoigne mon second sein. Profitant juste ; réalisant ce que je ressens : la sensation de Votre main sur mon sein. Deux zips suivent. Plus de mains. Mes seins sont rangés. Je suis contente… non que cela soit terminé, mais d’être totalement enfermée. Ancrée dans l’instant, je me vois surprise par la suite, suite logique. Mon entre-jambe, désignée nouvelle proie des courants d’air, après un cinquième zip. Vous touchez. J’aime mais navigue égoïstement dans la découverte de la nouveauté. Votre main qui me tient, qui m’accompagne, que j’embarque sur mon navire d’exploration, celui qui ralentit son moulin dans ma tête, le temps de réaliser, de sentir. Tout se calme. Quelques photos, je le comprends à la pause et au courant d’air qui persiste à l’endroit de ma détente. Un dernier zip et tout est resserré.

Je flotte un peu dans l’étui noir mais sens les sangles qui me tiennent. Je veux que Vous restiez mais Vous partez. J’ai peur de mal respirer. Feu la lumière, je vois des étoiles à travers les petits trous, le temps qu’elles filent et les voilà éteintes à leur tour. Je crois Vous suivre dans le couloir. J’entends Vos pas qui s’éloignent, les griffes du chien qui tapotent sur le carrelage. La porte qui se referme. Le chien pleure un peu puis s’installe sur son coussin pour faire place au silence. J’aime bien ce silence, ce calme. Je songe que je n’ai jamais été dans cette pièce, me demande à quelle heure Vous rentrerez, à quoi je dois ressembler. Je pense à ce que j’ai à faire demain et à ce que je ressens maintenant. J’écoute pour voir et estime les minutes égrenées. Mes pensées naviguent, dansent, se croisent. Par moment, mes sens se relèvent et, de mon ouïe, je m’imagine explorer les environs. Pas une voiture, pas un bruit pourtant. Seul le souffle du chien qui parfois me laisse croire que je ne dors pas. Je crois m’assoupir mais n’en suis pas sûre, une pensée nouvelle navigant au premier plan à chaque accalmie.

Puis j’ai froid. Mes pieds d’abord, engourdis. Je les remue, en colle un à l’autre, dans un sens puis dans l’autre. Un courant d’air a dû s’infiltrer. Je ne sais par où il est passé. Le coquin.

J’estime le temps et songe qu’il est sûrement trop tôt. Trop tôt pour Vous voir déjà là, à me délivrer. Je me tortille un peu, me glisse un peu sur le côté. Position nouvelle, nouvelle sensation. J’étudie mes sens, j’imagine ce que je pourrai faire ainsi fagotée : me retourner et ramper ? Ma respiration, je l’avais oubliée, elle va bien. Le calme lui sied. Le silence…

Le froid attaque mes fesses, jetées en arrière, tout contre la matière. Je me demande si j’arriverais à me glisser sous la couette. J’inspire et hésite. Sur le ventre, les trous pourraient être voilés, sans eux je ne pourrai respirer. Je m’interroge sans oser autre chose que me tortiller. Silence. Un grognement léger. Le chien doit rêver. Dehors, pas un bruit. Même un vol d’oiseau ne s’entend pas. Je pense mais ne sais plus à quoi. Cela fait un bout de temps que je suis là mais je ne sais plus combien. J’estime que Vous devriez en être au café si Vous n’avez pas déjà terminé. Tout à l’heure, j’imaginais l’heure du dessert. L’apéro et le plat sont passés à la trappe, je ne voyais pas le temps passer à cet instant là.

J’ai froid. Je bouge encore. Mes pieds sont glacés. Je tente de me retourner sans aller jusqu’au bout. Je m’assois. Je m’allonge. Appréciant le changement. Une pause et je retente. Je finis par bouger la couette, sans trop savoir à quel point. J’imagine mes pieds dessous. Ils y sont peut-être. Un instant, je pense qu’ils ne le sont pas ou plus. Je bouge à nouveau. Ma respiration s’accélère. Je ne veux plus la cagoule, elle m’empêche de bien respirer. Je pense à la dernière fois, lorsque, dans le cellophane, j’avais paniqué après un temps calme. Voulant bouger et courir sans pourtant être libérée. Voulant Vous voir et Vous sentir près de moi, savoir que Vous allez bien, que tout va bien. Je pense que Vous allez revenir et que tout a une fin. Je me concentre pour mieux respirer et rester tranquille. J’ignore combien de temps est passé. Je veux savoir l’heure. J’imagine que cela me rassurerait. Je veux Vous entendre. Mon téléphone était sur l’oreiller. Je navigue d’un côté à l’autre du lit, donnant des coups de tête aux oreillers pour le trouver. Je sais que je peux me libérer si besoin mais je sais que je peux attendre encore, que je veux patienter et Vous attendre. Je ne trouve pas le téléphone. Je me résonne et me calme. Les sangles qui tenaient mon buste serré se sont détachées. Je le remarque juste. Je ne me souviens pas. Comment ai-je fait ? J’ai peur de les avoir cassées avec mes mouvements fous. Je me calme. Je me remets bien. Ne bouge plus.

Le froid s’est calmé un peu, mais m’attaque, sournois, face à l’immobilité. J’inspire. J’expire. Je songe que je suis plus proche de la fin que du début. J’entends un bruit. J’ai peur. Je n’ai pas entendu Votre voiture, ni aucune d’ailleurs. Le chien n’aboie pas, il bouge simplement. Je me fais toute petite. Et si un inconnu était entré ? Je tends l’oreille. Retiens mon souffle. J’écoute. Un pas, rejoint par le bruit des griffes du chien sur le carrelage. Un autre pas, puis un autre. Une pause. Elle est tout près. Demi-tour, je me relâche. Mes esprits évadés reviennent soudain. Je comprends que c’est Vous. Vous êtes là ! Vous êtes rentrée ! Mais je n’ai rien entendu… Tentant de comprendre d’une part, tentant de Vous attirer à moi d’autre part, je m’assois au bord du lit, toute emballée dans mon sac. Sans bruit pourtant. J’ai peur que ça ne soit pas Vous. J’entends les pas qui reviennent.

En apnée, j’attends. Puis… Vous parlez. C’est bien Vous ! Je suis toute contente. L’instant d’avant j’avais envie de Vous supplier de vite me retirer la cagoule. Mais cet instant là, je veux juste me blottir dans Vos bras. Je me fiche de la cagoule désormais. Je Vous sens près de moi, Vos mains commencent à défaire le masque mais je me jette dans Vos bras, contre Vos seins, tout près de Vous. Contre la laine de Votre habit, je la sens.

Vous me câlinez et me racontez que je dormais deux heures plus tôt. Vous êtes rentrée. Moi qui pensais avoir pensé tout le long, sans succomber à Morphée, je dois bien admettre que je n’ai rien entendu. Pas même le chien pleurer lorsque Vous êtes repartie. J’ignore quand j’ai dormi et quand j’étais réveillée. Mon étonnement cède la place à la joie, je me sens pleine de chaleur à l’intérieur. Au calme, tout contre Vous. La cagoule retirée, j’enfouis mon visage dans Vos seins. J’ai les larmes aux yeux mais aucune ne coulent, ne sachant trop si elles doivent danser ou se laisser aller. Et puis, la lumière, les bruits. Tout revient. De partout. J’entends de l’eau qui coule. J’ai faim aussi. Le sac, je ne suis pas sûre de vouloir en sortir. Je n’aime jamais retirer ce qui me colle à la peau. Je ne Vous vois même pas le défaire ce sac, je me retrouve dehors d’un coup, et me jette dans Vos bras. L’eau que j’entends, c’est un bain. Vous m’amenez dans Votre baignoire. Je suis bien, Votre sourire, Votre regard sur moi. J’aime ça. Vous me conduisez doucement à la salle de bain. Tous Vos gestes sont des caresses. J’ai l’impression de survoler le couloir, de flotter sur un petit nuage. De la vapeur s’enfuit de la baignoire, l’eau coule et je la rejoins dans la cuve. C’est chaud, agréable. Mes pieds revivent, je suis parfaitement bien. Je ne réalise pas tout ce qui se passe ou s’est passé. Je suis concentrée sur Vous. J’ai l’impression de Vous voir briller. Peut-être est-ce l’effet du doré du robinet, celui-là même qui emplit le bain. Peut-être est-ce le contraste de toute cette lumière après le temps passé au repos, dans le noir. Vous me dites que j’ai l’air reposée. Je suis étonnée. Je me suis sentie agitée. Mes sensations m’ont sans doute trompée. Mon corps s’est reposé, à l’abri des stimuli qui, par dizaines, centaines ou milliers m’assaillent chaque minute. Mon esprit aussi est plus tranquille… Je suis Votre sourire hors de la pièce illuminée, Vous traversez le couloir plus sombre et je Vous entends préparer mon dîner. L’eau me réchauffe, le robinet doré continue de la laisser entrer. Il y a encore de la place dans la baignoire. J’écoute le bruit de l’eau, je l’aime bien. Je Vous entends qui remuez des couverts ou quelque chose en métal. Je regarde autour de moi, comme si je découvrais la pièce pour la première fois. Elle est belle cette baignoire. Elle est grande. L’eau me réchauffe, je suis bien, confortable. Je songe à tout à l’heure, lorsque, dans le sac, j’avais froid. Je suis contente d’avoir tenu et maintenant d’être bien, près de Vous, avec Votre sourire, Vos caresses, Votre attention.

Vous revenez avec un verre d’eau. Je sautille à l’intérieur et gambade autour de Vous, mes yeux en sont peut-être témoins ? Un verre d’eau à la main, Vous me le tendez. Je bois, sens l’eau fraîche glisser dans ma bouche, le long de mon œsophage, étancher ma soif. Deux eaux, je songe : une fraîche et une chaude, deux eaux qui me font du bien. Je flotte entre deux eaux. Je ne sais pas tout à fait ce qu’il se passe, ni complètement ce que je ressens. Je sais que je suis bien, calme, contente, heureuse, près de Vous. Un bip et Vous revenez avec mon plat. Nous l’avions choisi cet après-midi. Du poisson, des épinards, de la purée de pomme-de-terre. Je songe à la logique, celle qui me dit que Vous allez me donner à manger. J’ignore en quoi cela paraît logique. Le faire moi me semble un acte inutile, sans comprendre pourquoi. Vous approchez la fourchette, je ne sais qui je suis : enfant ou adulte. Mon cerveau engourdi me dit que simplement Vous prenez soin de moi et il se tait, j’apprécie. J’apprécie qu’il se taise. J’apprécie ce que Vous faites. J’apprécie cet instant. Toujours au chaud dans la baignoire, la vapeur témoignant, je déguste chaque bouchée, allant parfois à la rencontre de la fourchette.

Le repas terminé, quelques minutes encore à me relaxer, puis le temps de sortir est là. Une serviette, la Vôtre, Vous me la tendez. J’ai un temps de réaction puis la prends et sors doucement du bain. L’eau commençait juste à être un peu chaude, comme me l’indiquent mes joues rouges et transpirantes depuis quelques minutes. Cette eau qui était parfaite l’instant d’avant. Le beau est éphémère. On l’apprécie ainsi. Je me sèche, vide la baignoire et monte Vous rejoindre dans la chambre, ne songeant plus qu’à me blottir dans Vos bras. Je suis bien, tout près de Vous.

 

Le lendemain, je dois repartir, déjà. Mais toutes ces sensations m’habitent encore. Le petit nuage qui me porte restera ainsi quelques jours avant de se dissiper. J’avais envie de Vous dire merci.

coeur_ciel_bleu

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Une histoire d'Elles...
  • L'histoire d'une rencontre. Celle d'une jeune femme qui rêvait de contraintes et de soumission... et de celle qu'elle a choisi d'appeler Maitresse. L'une en violet, l'Autre en bleu, elles notent leurs explorations et belles découvertes.
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